Sébastien Boucher

Québécois pure souche, j’ai toujours connu Montréal. D’une certaine distance d’abord, puisque j’ai passé mon enfance dans la banlieue montréalaise, dans une maison qui n’avait rien d’extravagant mais qui bénéficiait de tout le confort nécessaire. Je n’irais pas jusqu’à dire que mon histoire est inintéressante, mais il faut avouer qu’il n’y a rien de bien croustillant à raconter à propos de mon passé. J’ai grandi dans une famille unie et aimante : pas de crise de rébellion envers mes parents, pas de haine féroce envers ma grande sœur. Rien qu’une famille normale…
A l’école non plus, pas d’expulsion, de changement d’établissement en cours d’année. Une scolarité qui a suivi son cours, le D.E.S à 17 ans. Après, il a fallu faire des choix. Mes parents envisageaient pour moi ce dont beaucoup de parents rêvent pour leurs enfants : des études, longues, si possible, et avec de l’avenir. La médecine, le droit, ce genre de chose. Même s’ils savaient que la passion qui me faisait réellement avancer était la musique, ils ne pensaient probablement pas que je comptais en faire ma vie. Quelle ne fût donc pas leur surprise lorsque je leur ai annoncé que je ne continuerais pas mon parcours dans un CEGEP plus ou moins prestigieux mais que je quittais le nid familial pour partir m’établir dans le centre de Montréal, dans l’espoir de percer dans la musique.

De la même façon qu’ils avaient accepté de me faire prendre des cours de piano, puis de guitare (mon instrument de prédilection et ma plus fidèle compagne), ils se sont résolus à me soutenir dans mon choix de vie. Souhaitant m’en sortir par moi-même, je me suis établi dans un studio d’une quinzaine de mètres carrés, et j’ai cherché un travail qui me permettrait de subvenir à mes besoins. Fort heureusement, ce ne sont pas les jobs qui manquent dans une telle ville. Je suis donc devenu barman, ce que je considère, pour le moment, comme étant le job idéal. Il me permet à la fois de manger et de payer mon loyer, mais aussi de me produire quelques fois sur la petite scène dont il est équipé. Ma vie me plaît comme elle est actuellement. J’ai cette sensation de liberté à laquelle il me serait difficile de renoncer.

Bien entendu, je ne perds pas de vue mon rêve, à savoir de devenir un musicien reconnu. La gloire n’est pas mon objectif. J’aimerais juste avoir l’occasion de vivre de ma musique et la faire connaître au plus grand nombre. Je sais, ça paraît un peu prétentieux. Mais ne faut-il pas justement être un peu prétentieux lorsque l’on est artiste ?

Disons que je ne me suis jamais trop penché sur le sujet. Si je me fie à mon patron, qui m’a confié ce job de barman, je ne dois pas être laid à faire peur, il n’aurait pas pris le risque de faire fuir la clientèle. Cela dit, personne ne s’est jamais retourné sur mon passage, ébloui par ma beauté. J’en déduis donc que je suis plutôt quelqu’un dans la moyenne : les cheveux bruns, ni vraiment courts, ni vraiment long, des yeux marrons. Je mesure 1m85, de corpulence plutôt fine, sans être maigre. Il faudrait certainement que je me mette à la muscu, si l’on en croit les standards affichés dans tous les magazines. Mais à vrai dire, je ne m’en soucie pas plus que ça. C’est certain, si j’avais un physique de mannequin, ça m’aiderait sans doute à percer. Mais malgré tout, je me satisfais assez bien de ce que j’ai. Je n’ai, je pense, aucun intérêt à connaître des gens qui me jugeraient uniquement sur mon apparence.

Mon style dépend des occasions. Pour le boulot, je reste dans le décontracté, parce que c'est ce qu'il y a de plus pratique. Je me vois mal servir les clients en costume-cravate. Je me contente donc, la plupart du temps, de jeans et de t-shirts, le plus souvent accompagnés de baskets. En dehors du boulot, en revanche, j'aime faire un petit effort pour bien m'habiller. Sans partir dans le complet veston, je porte régulièrement des chemises, que j'agrémente parfois de cravates que je ne serre pas complètement. Je combine le tout avec un jean foncé et des chaussures de ville, et voilà ! Je veux avant tout me sentir à l'aise dans mes vêtements, alors n'essayez pas de me faire porter un vêtement que je trouverais inconfortable, même s'il est siglé Hugo Boss ou Gucci !

Je ne suis pas le genre de gars très extraverti. Sans être complètement asocial, la solitude ne me dérange pas plus que ça. Je pense pouvoir dire, sans m'improviser psychologue, que cette tendance vient de mon caractère réservé, voire timide. Cependant, il a bien fallu que je me fasse une raison : pas possible d'être introverti lorsque l'on est barman, et encore moins quand on veut faire de la musique. Mon métier m'a permis d'établir le contact plus facilement avec les gens qui m'entourent, notamment les inconnus. Ce changement ne m'a pas fait de mal, je ne regrette pas d'être devenu plus ouvert au monde. Malgré tout, j'aime bien, par moment, me retrouver seul, je ne recherche pas sans cesse la compagnie de mes semblables. Ces moments de tranquillité me permettent de me reposer et de réfléchir mais le plus souvent, c'est pendant ces périodes que je compose.
Mon sens de l'humour ne plaît pas à tout le monde. Il faut bien me connaître pour savoir que j'utilise le second degré plus souvent qu'à mon tour, et parfois, il arrive que les gens se vexent, alors que je ne faisais que plaisanter.
J'aime également rendre service aux gens, même si j'ai parfois tendance à perdre patience devant l'indécision de certains. En effet, l'impatience est un de mes principaux défauts, juste derrière le perfectionnisme à l'extrême. Je pense malgré tout être quelqu'un d'assez facile à vivre car j'aime avant tout que les personnes qui me sont proches se sentent bien. Bien que n'aie pas l'occasion de souvent recevoir des amis chez moi (le nombre de personnes pouvant tenir dans 15m² est assez limité), je fais toujours en sorte qu'ils s'y sentent comme chez eux.