Un jogging qui tombe à l'eau (suite)

J'entrai alors dans le bar, avec un grand sourire innocent tout prêt pour si Andrew, le patron était là. Il me regarda bizarrement, comprenant que j'allais lui demander une faveur. C'était le regard que je lui avait fait quand je lui avais demandé de me lâcher plus tôt pour le bal en blanc.
Il acquiesça avant même que j'ai dit quoi que ce soit. J'avais de si beaux yeux??
Je fis signe à Karen de me suivre et nous nous dirigeâmes rapidement vers la salle réservée au personnel. Arrivées à l'intérieur je sortis mon uniforme de serveuse de mon casier.

- Tiens, tu devais te changer, pour laisser tes vêtements sécher. On doit faire à peu près la même taille. Au fait, ça te dérange pas que je te tutoie?

Elle accepta avec une joie non dissimulée le tutoiement.

- oui, les toilettes sont là. Mais je serais toi, je me changerais plutôt là-bas, il y a plus de place. Répondis-je en lui montrant le placard que les employés avaient transformé en vesiaires.

Elle me remercie et partit se changer. Lorsqu'elle revint, je l'aidai à étendre ses affaires sur un étendage de fortune.

- Tu veux du café ou un chocolat chaud en attendant pour te recharger? Sans vouloir me vanter je fais les meilleures boissons chaudes de Montréal. J'ai pas mal d'expérience là de dedans.

Je lui souris.

Et bien, j'ai bien hâte d'y gouter! Je prendrais bien un café,
c'est un peu comme ma drogue!!!

- Tu ne seras pas déçue. Attends-moi là, j'en ai pour 5 minutes. Tu peux t'allumer la télé en attendant si tu veux. Répondis-je en me dirigeant vers la salle.

Arrivée au comptoir, je préparai le café assez rapidement. J'avais une manière très particulière de doser qui s'acclimatait à toute sorte de cafetière.
Lorsque la boisson fut prête, j'amenai deux tasses et la cafetière dans la salle de repos.
Karen était assise devant une table et avait allumé la télé. Mais elle ne la regardait pas vraiment, elle semblait perdue dans ses pensées. Elle ne m'entendit pas arriver.

- Quand je t'ai dit que tu pouvais allumer la télé, ça voulait dire pour la regarder. Sinon ça sert à rien. Dis-je avec un sourire, en la faisant sursauter.

Je ne me permis pas de lui demander à quoi elle pensait, même si j'en avais très envie. J'étais une inconnue et je savais qu'elle trouverait ma question déplacée.
Je m'installai à côté d'elle et nous servis. Nous commençâmes à boire en silence. J'avais oublié comme le café pouvait faire du bien lorsque l'on avazit la gueule de bois.

- alors, t'en penses quoi?

Nous riâmes à son compliment et elle me demanda si j'étais nouvelle à Montréal.

- Oui, je suis arrivée il y a deux jours avec ma meilleure amie. On devait vivre chez son frère mais on a lâché l'idée. Du coup on a préféré se trouver un appart' et on y emménage aujourd'hui. En attendant, on était au Sofitel. Et toi, tu connais bien Montréal, nan? Tu y vis depuis lontemps? Tu fais des études, ici?

Oui, beaucoup de questions d'un coup, mais j'étais d'un naturel curieux.

wow! une bucheuse à l'école!

- Tu es médecin?? C'te chance! Moi j'ai toujours détesté l'école. J'ai abandonné le cegep dès que j'ai pu. Mes parents m'avaient mis la pression pour que j'y aille. Du coup je suis serveuse.

Je lui racontais cela avec le sourire, histoire qu'elle ne croit pas que ma vie était désespérante.

J'étais contente que pour une fois, on ne me juge pas. Karen avait même l'air de me comprendre.

- Au fait, tu as bien dit que tu étais docteur, non? Tu ne connaîtrais pas Jonathan Milroy? Il est médecin ici, c'est le frère de ma meilleure amie. D'ailleurs en parlant de médecin, tu sais que tu es la deuxième que je rencontre ici? La première personne que j'ai vu était étudiante en médecine, elle s'appelle Mia. Je ne pense pas que tu la connaisse elle par contre, puisqu'elle n'est qu'étudiante.

Je la regardai d'un air ébahi...C'était une blague?

- Oh tu connais Mia? Je crois que on nom de famille c'est Boisvert... Dis-je en réfléchissant. Elle est adorable, pas vrai?

"Adorable" presqu'un euphémisme, maintenant que j'y repensai. Karen avait l'ir assez d'accord avec moi. On devait forcemment parler de la même.

- Et sinon, tu es dans quelle branche de médecine?

Je la regardais attentivement, cherchant à savoir si elle rigolais ou non. Mais non, elle ne rigolait pas, elle semblait même attendre ma réponse avec appréhension.

- Comme le docteur mamour dans Grey's anatomy. Eh beh!

Je n'avais trouvé que ça à dire. C'était nul, sans intérêt... Oui m'enfin j'avais quand même la gueule de bois, quoi!
Contre toute attente, elle rit... Je devais surement avoir fait une drôle de tête en le disant, ou bien ma blague était le genre de blague tellement nulle qu'on en rigole de dépit.
Et puis soudain je réalisais:

- Mais... Tu ouvres la tête des gens alors???

Et là, mon air horrifié et ma naïveté devait vraiment être des plus comique car elle rit à gorge déployée, exactement comme je l'avais fait quand je l'avais vue dans l'eau?

je n'étais pas très calée en anatomie humaine (pas sur cette partie là en tout cas), mais je n'étais pas sûre qu'on puisse comparé le cerveau à quelque chose de comestible et de mangeable.

- Oui oui c'est ce qu'on dit, mais je connais des zombies qui sont tout à fait d'accord avec toi. Dis-je en souriant pour reprendre contenance.

Je faisais référence au zombie mangeurs de cerveau de "la nuit des morts vivants" bien sûr

Elle eut l'air légèrement outrée par ma comparaison, puis sembla plus réceptive à mon second degrès car elle répondit qu'elle n'était pas du genre à partager leur repas.
Je jetai un coup d'oeil à ma montre, car je commençait à ressentir les affres de la faim. Oui, parler de zombies mangeurs de cerveau n'était pas pour me couper l'appétit. Au contraire, le mot "repas" l'avait éveillé.

J'imagine que tu commences bientôt le travail?

- Non mais en fait, j'ai faim. Dis-je en souriant. Je me suis pris une cuite hier soir et je commence à avoir le ventre vide qui gargouille dangereusement. J'ai toujours faim quand j'ai la gueule de bois. Et puis en plus, je ne voudrais pas manger trop tard, car avant de commencer le travail, je dois emménager dans mon nouvel appartement. Mais cela dit, tes vêtements doivent être secs, si tu veux te changer maintenant.

Vraiment merci, je serais sûrement encore dans le lac à l'heure qu'il est si tu n'avais pas été là!!! Dit-elle après s'être changée et m'avoir rendue mon uniforme.

- Oui, j'imagine que je dois être la seule âme charitable de tout Montréal, Répondis-je avec un sourire ironique.

Je réfléchis alors à ce que je venais de dire. Trois jours avant, je me serais contenté de rigoler et de passer mon chemin. Rien qu'à vois comment j'ai traité cette pauvre hôtesse dans l'avion. J'étais étonnée par le changement qui s'était opéré en moi et je soupçonnait Mia et Montréal d'y être pour quelque chose. Après tout, pourquoi pas.

- Tu as quelque chose à faire maintenant?

Elle réfléchis un moment à ma qestion, elle avat sûrement une quantité de chose à faire et des tonnes de gens à voir. Elle finit tout de même par me dire qu'elle n'avait rien à faire.

- Super : Echange de bons procédés, tu connaïtrais pas un reto sympa et pas trop cher dans le coin? En gardant en mémoire que "pas rop cher" est l'expression-clef de ma demande, bien sûr. Cet aprem, j'ai un bail à signer, et je voudrais pas que signer le chèque de caution de 700$ me fasse trop mal au coeur parce que je me serais ruinée pour le repas de midi, tu comprends.

J'avais dit cela avec un frand sourire, en espérant qu'elle comprenait que je lui proposais de venir avec moi. Cette fille avait lair géniale et je m'entendais très bien avec elle. Connaissant peu de monde, c'était sympa de se faire de nouveaux amis.

Et bien, il y a la
Caserne...Non la... Caverne Grecque, pas très loin d'ici, les prix sont
abordables et de toute façon c'est moi qui t'invite!

- Non, non, non! Je n'aime p...

Elle me coupa la parole :

En remerciement, pour m'avoir sortir du lac!

J'allai rouvrir la bouche

Et je n'accepte aucun refu.

Je soupirai. Elle me faisait drôlement penser à Lin' dans ses pires moments.

Je suis très têtue!

- Moi aussi, mais t'as de la chance, je suis fauchée. Répondis-je en sortant la langue sur le côté d'un air insolent.