Un jogging qui tombe à l'eau (3)

Nous arrivâmes enfin dans le restaurant dont elle m'avait parlé. Nous nous installâmes dans un des coins les plus éclairés. Il n'était que onze heures, donc le lieu semblait assez désert, mis nul doute que d'ici midi, les gens commenceraient à affluer. Le serveur nous apporta les menus.
Pendant que je choisissais, une idée me traversa l'esprit.

- Mais dis moi, tu m'as dit que tu étais neurochirurgienne. Mais tu n'es pas un peu jeune pour ça?

Mais dis moi, tu m'as dit que tu étais neurochirurgienne. Mais tu n'es pas un peu jeune pour ça?

Et Vlan....

Décidément, pas surprenant que mes collaborateurs le remarquent, tout le monde le remarquait!

En fait, puisqu'ici on a deux ans de Cégep avant l'Université et une année de secondaire de moins que les États-Unis...C'est un peu comme si j'avais sauvé trois ans en allant directement aux États-Unis après mon secondaire...Puisque je suis tout de suite entrée à l'Université... Je peux aus moins remercier ma mère pour ça!

Médecin à 21 ans, c'était plutôt rare, ici on en rencontrait à partir de 24-25 ans...

Je m'attardai quelques secondes sur le menu, puisque le serveur était à présent devant nous et semblait, comment dire légèrement impatient...Mes histoires de médecines de l'intéressait guère!

En fait,
puisqu'ici on a deux ans de Cégep avant l'Université et une année de
secondaire de moins que les États-Unis...C'est un peu comme si j'avais
sauvé trois ans en allant directement aux États-Unis après mon
secondaire...Puisque je suis tout de suite entrée à l'Université... Je
peux aus moins remercier ma mère pour ça!

Je n'avais pas tout compris, mais elle se mit à commander. Je commandai aussi. Lorsque le serveur partit, je décidai de reprendre la conversation.

- Et c'est bien les USA?

Personne ne savait que mon rêve était d'y aller, pas même Lindsay. Je m'imaginait à San Francisco, dans un de ces espèces de funiculaires... Le problème, c'était que ce rêve était irréallisable. D'abord parce que je n'avais pas les moyens et ensuite parce que je ne voulais pas laisser Lindsay toute seule. Et je n'étais pas sûre qu'elle ait très envie de s'y rendre.

Lydia me demande, une fois le serveur contenté, si c'était bien les États-Unis. Je souris et lui répond sur un ton enjoué.

Oui c'est chouette! Il est certain que je n'ai pas eu l'occasion de tout visiter, mais j'ai eu la chance de voir plusieurs endroits super! Mais enfin...On n'est jamais mieux que chez soi, pour moi ma vie, ce sera toujours au Canada...Comme on dit j'ai vraiment Montréal dans la peau!

Je sirote quelques gorgées d'eau et reprend la conversation.

Tu as déjà voyagé?

Après avoir bu un peu d'eau, elle me demanda si j'avais déjà voyagé.

- Heu, mais parents n'aimaient pas franchement prendre des vacances, et moi, je les aurais même pas accompagné dans la grande ville d'à côté. Répondis en riant. Mon premier voyage était pour venir ici, et je crois que je n'ai plus le droit de prendre l'avion. Ajoutai-je d'un air espiègle.

Je me remémorai le voyage pour venir à Montréal avec un grand sourire tandis que le serveur - quelle rapidité - nous donnait de quoi nous nous nourrir. Tant mieux, je crevais de faim!

Elle m'explique qu'elle n'a jamais vraiment eu la chance de voyager. Puis elle laisse sous-entendre que
son vol pour venir jusqu'ici ne s'est pas fait dans la plus grande joie.

Le serveur pose nos plats devant nous...Et bien...Il est rapide celui-là!

Tu peux m'en dire plus sur cette interdiction de prendre l'avion, demandai-je sur un ton
tout aussi espiègle que le sien.

Je souris devant son air espiègle et à sa question. Je fis semblant d'être embarrassée, mais en fait je m'amusais rien qu'en y repensant.

- Disons que j'ai légèrement tyrannisé l'hôtesse. Mais elle l'avait bien cherché! Ajoutai-je pour ma défense.

Bon j'exagérais un peu, elle n'avait pas forcement mérité mon acharnement, mais tout de même, elle m'avait poussé à bout.

- Je suis du genre qu'il vaut mieux pas trop embêter. Dis-je en plantant ma fourchette dans mon repas. Bon appétit.

Je commençais à manger et reportait mon attention sur elle.

- J'imagine, vu le regard que tu m'as lancé quand j'ai rigolé après t'avoir vu tomber dans le lac, que c'est pareil pour toi, nan?

Elle m'explique l'épisode de l'avion...Et ajoute qu'il ne vaut mieux pas l'embêter.

J'en prend note et bon appétit à toi aussi, dis-je un sourire aux lèvres.

Nous commençons donc à manger, puis elle me fixa et me posa une question qui n'en était pas réellement une.

J'imagine, vu le regard que tu m'as lancé quand j'ai rigolé après t'avoir vu tomber dans le lac, que c'est pareil pour toi, nan?

Je souris et me remémora bon nombre de moments évocateurs.

En effet, j'ai un caractère assez...aiguisé...Qui si frotte si pique!

Même si il y avait eu amélioration dans les dernières années, j'avais toujours tendance à m'affirmer et à ne pas me laisser marcher sur les pieds, personnellement je trouvais que c'était un point positif...Jusqu'à de certaines limites, bien entendu!

Je souris. Je savais qu'elle était le genre à avoir du caractère. Ca se voyait et j'aimais beaucoup ce genre de personne. C'était bien simple, je ne m'entendais pratiquement qu'avec les gens ayant de la répartie ou un tempérament volcanique. Rien de tel pour bien s'amuser.

- On va bien s'entendre alors. Dis avec un sourire.

Et dire que tout ça avait commencé par une chute dans un lac. Si je n'avais pas rencontré Mia plus tôt, je n'aurais certainement pas aidé Karen. Je lui aurais peut-être même jeté des cailloux pour l'enfoncer, c'était sûr.
Mais je ne regrettais pas du tout d'être allée contre ma nature, pour une fois. Je souris en pensant que peut-etre que si je n'avais pas terrorisée l'hôtesse, on aurait pu devenir amie. Naaaaan, aucune chance!
Soudain curieuse, je voulus en savoir plus sur ma nouvelle amie.

- Attends, je veux vérifier cette affirmation : Tu écoutes quoi comme musique?

J'avais tendance à juger les gens par rapport à ça. Dis moi ce que tu écoutes, je te dirais qui tu es. Ca se vérifier, souvent... Très souvent même. Il n'y avait qu'à voir moi. Ou Linette.

Je souris suite à ce qu'elle dit, je croyais aussi qu'on pourrait très bien s'entendre.
On a jamais assez d'amis et ce n'est pas toujours facile d'avoir une vie sociale avec les heures de fous que je faisais au travail...Enfin bref, j'étais presque heureuse d'avoir tombé ce matin...Je dis bien presque!

Sa seconde question me surpris toute fois.

Attends, je veux vérifier cette affirmation : Tu écoutes quoi comme musique?

Je la regardai un peu bizarrement. Adolescence j'adorais la musique, mais ces dernières années, je n'y avais pas accordé tant d'importance, trop occupée malheureusement.

Et bien...Je suis assez partagée. J'aime bien sortir en boîte donc j'aime bien la musique qui y joue...Par contre, chez moi je suis plutôt de la vieille école...Rock & alternatif. Je suis pas mal ouverte en fait!

Elle me regarda d'un air bizarre qui me fit sourire. La musique était toute ma vie, il était donc normal que je ne juge que par elle. Ca ne voulait pas dire que je la détesterais si elle écoutait Céline Dion ou d'autre trucs de ce genre.

Il y avait beaucoup de monde qui aimait acheter ses disques à culculand, ça ne faisait pas d'eux des parias. Mais si elle pouvait aimer de la bonne musique, c'était mieux.

Et bien...Je suis assez partagée. J'aime bien sortir en boîte donc j'aime bien la musique qui y joue...Par contre, chez moi je suis plutôt de la vieille école...Rock & alternatif. Je suis pas mal ouverte en fait!

- Tu es définitivement mon maître Jedi. Lui dis-je en souriant.

À la façon dont elle réagit, je me dis que ma réponse lui convenait, ce que je trouvais plutôt amusant en fait.

Tu es définitivement mon maître Jedi.

Elle m'avait dit cette phrase en l'accompagant d'un énorme sourire. Là je dois dire que j'éclatai de rire. Elle l'avait dit d'un ton si solonnel, qu'on se serait réellement cru dans une scène de Stars Wars.

Tu n'es pas mal non plus dans le genre apprentie, lui dis-je en faisant un clin d'oeil.

J'étais bien placée pour connaître cette lueur de révolte qui flottait dans ces yeux. Il était a espérer qu'elle trouverait un exutoire approprié et meilleur que celui que j'avais jadis choisi.

Tu aimes bien la musique alors?

À cette mention ces yeux s'illuminèrent sur le champs, je savais que j'avais visé juste. Elle ouvrit la bouche pour approfondir le sujet et je l'écoutait attentivement.

Elle éclata de rire à ma phrase qui était une constatation réelle, déguisée, cachée par un humour très geek. Je revendiquais mon amour pour ce chef d'oeuvre cinématographique avec une fierté non dissimulée et révélais ce que je pensais d'elle, tout ça en même temps.

Tu n'es pas mal non plus dans le genre apprentie,Répondit-elle avec un clin d'oeil.

Tu aimes bien la musique alors?

- Je crois que pour faire court, je pourrais dire que je ne peux pas vivre sans elle. Mais c'est pas facile de faire court pour ce sujet. La musique... C'est juste... Nan sérieux, il y a pas de mots! Je rêve de devenir une star du rock. Je ne m'imagine faire rien d'autre que ça. Je vivrais de la musique, c'est obligé. Tentai-je d'expliquer, parlant très vite et sentant dans mon regard cette lueur folle.

Je venais de me rendre compte que l'excitation m'avait fait parler avec les mains. J'avais l'impression d'être une gamine qui racontait ses plus belles vacances ou qui expliquait que le père-noël lui avait offert son plus beau cadeau.

C'était ça la musique. Mon plus beau cadeau, mes plus beaux souvenirs. C'était lorsque je jouais de la guitare que je comprenais qui j'étais vraiment. Ma basse n'était rien d'autre qu'un troisième bras. Le chant était mon cri de révolte, ma déclaration d'amour, ma langue.

Voila ce qu'était la musique. Et bien plus encore. Une passion? Non. La musique n'était ni éphémère, ni destructrice. La musique vivrait en moi jusqu'à ma mort. La musique était la vie.

Et toute ma vie se résumait à la musique. Je pourrais créé la bande original de ma vie à chaque fois que j'en faisais le bilan.

Juste à la façon dont elle me décrivit quelle place la musique prenait dans sa vie, je comprenais qu'elle voulait réellement faire ça de sa vie, ça et absolument rien d'autre. La passion était totalement visible dans le ton de sa voix, dans la façon avec laquelle elle dessinait des arcs avec ces mains alors qu'elle parlait, etc. C'était la bonne attitude. Après tout, il faut vivre sa vie et non la rêver. C'est l'espoir qui nous permet d'atteindre nos buts. Il suffit d'y croire et d'y mettre tous les efforts possibles, on atteint parfois des résultats surprenants...

Tu as dans l'idée de créer un groupe ou bien de faire carrière en solo, demandai-je par intérêt.

Elle avait assez de caractère pour une carrière en solitaire après tout, mais aussi assez de Power pour faire partie d'un groupe...Je me demandais ce qu'elle visait précisément...

Elle a l'air satisfaite, comme si j'avais dit à un pneumologue que j'avais arrêté de fumer... J'aurais pensé qu'elle allait me prendre pour une folle. Mais non, elle se contente d'aimer mon attitude. Pas de "mais ce n'est pas un métier d'avenir" ou de "Pourquoi n'as-tu pas attendu la fin de tes études?"... Non, Karen, elle ne juge pas. Quand bien même elle aurait jugé, je n'en aurais rien eu à faire, mais je préfère l'apprécier pleinement.

Tu as dans l'idée de créer un groupe ou bien de faire carrière en solo

A-t-elle conscience d'être, de toutes les personnes à qui j'en ai parlé, la seule à me poser cette question? La seule à me questionner sur MES projets. Je souris.

- Ca dépend ce qui s'offre à moi. Jusqu'à présent, je faisais partie d'un groupe, mais j'ai tout quitté quand ma meilleure amie m'a demandé de la suivre à Montréal... J'explique avec un petit haussement d'épaule, souriant toujours.

- Mais chanter seule, ça me botte bien aussi. j'ajoute en finissant mon assiette.

J

Bon, supposons que tu partes ta propre carrière solo, quel style voudrais-tu adopter ?

J