Chose promise... [Pv Lydia]

Je venais de finir mon service au bar et je rentrai tranquillement chez moi, pour une pause de deux heure avant de retourner travailler. Sur mon chemin, j'évitai une personne qui sortait d'un autre bar. Machinalement, je levai les yeux vers l'enseigne... "St-Laurent 2". Lorsque je rentrai chez moi, je faisais rarement attention aux bars et restaurants sur ma route mais en regardant cette enseigne, je me souvins de la rencontre que j'avais faite peu de temps avant sur la place des arts. Cette jeune femme un peu brute de décoffrage qui m'avait abordée plutôt violemment... Je lui avais promis de venir la voir un jour, sur son lieu de travail... Ici même. Je ne l'avais pas encore fait, par manque de temps probablement. Comme rien de particulier ne m'attendait chez moi, je décidai finalement d'entrer la saluer. En présupposant bien entendu qu'elle travaillait ce jour là.

J'entrai donc dans le bar, cherchant des yeux, au choix, ma kamikaze des rencontres ou une table libre, selon ce qui se présenterait en premier. Je l'aperçus alors affairée derrière le bar et décidai de ne pas la déranger immédiatement. Je m'assis donc à une table, attendant qu'elle vienne prendre ma commande. Elle ne tarda pas à arriver et eût l'air plutôt surprise de me voir.

"Salut", lançais-je, enthousiaste. "Tu pensais que je ne viendrais jamais, pas vrai ?"

La jeune femme hésita une seconde avant de me répondre, avec le même aplomb que je lui avais trouvé lors de notre première rencontre.

"Salut! Tu pensais que je ne viendrais jamais, pas vrai ?"

Je le regarde sans vraiment me rendre compte qu'il a parlé, un peu paumée puis je me reprends. avec un grand sourire je lui réponds.

- J'avoue avoir un peu perdu espoir quand je t'ai avoué que tu n'aurais pas la recette de nos cocktails. Je dis d'un air désolé très peu crédible.

Mieux vaut dire ça qu'avouer que j'ai complètement oublié mon double masculin, non? Ce n'était pas tout à fait le seul garçon que j'ai abordé ces derniers temps et avec la plupart, j'avais eu ce que je voulais...

- Bouges pas, je vais prendre ma pause. Tu veux boire quoi?

La partie de sa sur les cocktails m'étonna quelque peu. Je venais seulement me souvenir de cette partie de la conversation que nous avions eue. Peu importe, le fait est que je n'avais toujours pas répondu. Devant mon silence, elle reprit :

- Bouges pas, je vais prendre ma pause. Tu veux boire quoi?

Je vis son air interrogateur... Oui, je sais, il m'arrive de déconnecter parfois, ce qui peut donner aux gens une drôle d'impression. Sauf que là, il n'était plus temps de m'interroger sur mes sales manies, mais plutôt celui de répondre.

Oh... Hmm... Je me contenterais d'un café, merci.

A peine avais-je répondu qu'elle s'éloignait vers le bar. J'étudiais sa démarche. Elle avait l'air beaucoup moins enjouée que la première fois que je l'avais vue. Une certaine lassitude émanait de sa personne et son visage était fermé. J'avais généralement une facilité pour décrypter les attitudes des autres, probablement en raison du temps passé à observer les clients du Diable Vert. Toutefois, lorsqu'elle revint vers moi avec une tasse de café, je n'osai pas lui poser de questions. Après tout, nous avions parlé, en tout et pour tout, à peine 10 minutes. Un peu tôt pour les confidences...

Alors, tu as eu l'occasion de sauver d'autres personnes de la perte de leur portefeuille depuis l'autre jour ?

J'espérais que cette question, sans aller jusqu'à la faire rire (c'était loin d'être hilarant), la détendrait un peu. Elle se laissa tomber sur la chaise en face de moi et sembla essayer d'imprimer ce que j'avais dit. Elle était définitivement moins en forme que la dernière fois.

Un café, c'est parfait, c'est la seule chose que j'ai le droit de boire, moi, et ça aurait été bête de ne pas prendre la même chose que lui. Vous imaginez, en plus, déjà que j'étais de mauvaise humeur, si en plus j'étais bourrée... Je souris en imaginant la catastrophe qui en résulterait alors que je vais chercher nos boissons et annoncer ma pause. C'est fou comme le chaos me séduit. Je ne dois pas être très normale, comme fille, en fait. Non, c'est sûr que je ne le suis pas, même.

Je reviens le plus rapidement possible afin de ne pas le faire attendre trop longtemps - une première, je ne me presse jamais, d'habitude - et me laisse tomber sur la chaise, fatiguée, dégoûtée, mais soulagée d'avoir une nouvelle pose, et qu'il soit là, tandis que lui, me balance une remarque que je n'entends qu'à moitié tant mon soupir m'a accaparé les oreilles. Et garçon, tu veux bien me laisser le temps de souffler, je te prie?

Après analyse de sa phrase, je souris. Je ne sauve jamais personne d'une perte de portefeuille, mais ça il ne le sait pas. Il n'est pas au courant que son bien a atterrit dans ma main de manière tout à fait volontaire. Cela dit, je dois avouer qu'entre temps, j'avais effectivement rencontré un ou deux garçons qu'il m'avait fallu manoeuvrer pour obtenir, et avec succès, cette fois, leur faveurs. Il y en a même pour lesquels je n'ai rien eu besoin de faire.

- Bah tu sais, Superman n'est plus trop disponible, en ce moment, trop occupé à faire des mamours à sa Loïs, donc il faut bien que quelqu'un se tape le sale boulot... Je dis d'un air faussement résigné, avant de sourire.

- Putain!! Je hurle, en mettant une main sur ma bouche et en me pliant en deux par réflexe.

Je soupire à nouveau et regarde Sébastien qui décidément, doit me prendre pour une abrutie. En même temps, tant pis, hein...

- J'te jure, c'est pas mon jour. Je lui annonce avec dépit et colère. Qu'est ce que tu fais dans le coin, au fait? J'veux dire, t'es pas juste venu pour le plaisir intense de me revoir, si?

Je l'agresse presque avec ma question que j'aboie mais changer de sujet me parait le plus sage. Avec un regard insistant, je l'invite à répondre à ma question. Si là, je n'ai pas grillé mon ticket avec lui, je me demande ce qu'il faudrait...

Voyant que ma remarque débile avait réussi à lui arracher un léger sourire, je me dis que tout n'était pas perdu. Sa réponse me fit réaliser qu'elle n'avait pas perdu son sens de la répartie, ce qui était rassurant, d'un côté. De plus, les références aux grands classiques marchaient toujours.

Quel plaisir de rencontrer des gens aussi dévoués que toi à la cause humaine... répondis-je, lui rendant son sourire.

Malgré tout, la conversation n'avait pas franchement l'air de la détendre. Elle tapait nerveusement des doigts sur la table et ce geste me poussa à me demander si ma visite était la bienvenue. Elle porta sa tasse de café à ses lèvres, avant de l'éloigner brusquement. Un juron de sa part me fit comprendre qu'elle s'était brûlée. Je la regardai d'un air compatissant. Il y a des jours comme ça...

- J'te jure, c'est pas mon jour. Qu'est ce que tu fais dans le coin, au fait? J'veux dire, t'es pas juste venu pour le plaisir intense de me revoir, si?

Je ne m'attendais pas vraiment au ton sur lequel cette question fût posée. Je commençais vraiment à regretter d'être venu... Apparemment, ce n'était pas le bon moment.

Oh, eh bien, j'ai une pause d'une heure dans mon service et je ne voyais pas vraiment l'intérêt de rentrer chez moi pour si peu de temps. Alors je me suis dit... tentais-je d'expliquer avant de me raviser. Enfin je suis désolé, je te dérange sans doute dans ton travail... Je devrais y aller.

Sur ces mots, je m'apprête à me lever. Soit je repasserais un autre jour, soit j'attendrais qu'elle passe au Diable Vert. Ou alors je laisserais tomber, tout simplement. Après tout, peut-être son invitation de la dernière fois n'était-elle qu'une formule de politesse...

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